mercredi 31 octobre 2018

Mes morts

Chou rave de la Toussaint (ou d'Halloween)

À chaque projet de voyage
Une blessure s’ouvre en moi.
— J’ai trop bien aimé des visages
Pendant des saisons ou des mois !
Semblant choisir une personne
— Aigu comme un chat Siamois
Mon désir fixe s’y cramponne
De ses yeux clairs, phosphorescents.
Et je te prends et je me donne
Et tout redevient innocent :
Deux fauves vivant leur idylle
De cris, puis, âme, vos accents !
Et c’est l’amour qui fait la ville
Déserte, et peuple le désert.
— Allons à Tunis, à Séville ?
À Bagdad, au pôle sud ? — vers
Ce jardin suspendu, miracle,
Ce lit de fleurs sur l’univers !

Seules ensemble, qu’on me bâcle
Ces souvenirs : que libres nus
Nous échappions aux débâcles...
Quels sont ces êtres inconnus
Nous attendant après la houle
Au nouveau monde survenus ?
Quels sont ces mendiants, ces foules ?
— Ah ! tous nos morts sont avec nous !
J’ai le vin triste : rien ne saoûle !

Et seuls à seule et à genoux 
Mes morts sont venus me reprendre.
— Où fuir leurs terribles yeux doux ?
Pas de Cythère, il faut descendre
— Il faut se quitter au retour ?
Chez moi plus rien ne me demande
Assez de landes et de « moors »,
De villas et de cimetières —
Pour t’enterrer vivant, amour ?
Et vous, mes ardentes poussières,
Vous tous, mes morts, mes Sans Soucis,
Je vous reviens donc tout entière ?

Ces quais, ces platanes : Passy !
Je vous reconduis à la porte
Du cimetière que voici !
Trop tard pour entrer, mais qu’importe ?
— Ce haut navire attend Paris.
Mon tout dernier amour, ma morte...
Pleurez encor, mes yeux taris !...

lundi 29 octobre 2018

Heureux sont ceux qui du malheur




Heureux sont ceux qui, du malheur 
N'ont pas connu, leur vie durant, le goût! 

Comme quand la houle du grand large, 
Remue les fonds les noirs limons, 
Soulevée par les vents de Thrace, 
Elle roule à l'assaut du rivage. 

Heureux sont ceux qui, du malheur 
N'ont pas connu, leur vie durant, le goût! 

Sur la maison des Labdacides 
Je vois dès l'origine s'abattre le malheur, 
Un mal qui sans relâche aucune 
Frappe les morts et les vivants. 

Heureux sont ceux qui, du malheur 
N'ont pas connu, leur vie durant, le goût! 

Celui chez qui se glisse 
Le leurre de ses désirs déments 
Ne sort de l'ignorance que lorsque sous ses pieds 
Brûle déjà le feu. 

Heureux sont ceux qui, du malheur 
N'ont pas connu, leur vie durant, le goût!

vendredi 12 octobre 2018

Est-ce que tu m'aimes encore ?

"Si tu me prenais contre toi, tu prendrais contre toi - les plus déserts lieux."


"C'est ça, oui, la grande manière (grandiose). Et comme je connais ça ! L'arbre est plus grand que soi, l'arbre se surpasse lui-même, - c'est pour ça qu'il est si grand. Un de ceux dont Dieu (par bonheur !) ne s'occupe pas (ils se chargent d'eux-mêmes !) et qui poussent droit au ciel, au septième (nous autres Russes en avons sept)."

jeudi 11 octobre 2018

Montserrat Caballé



La grande cantatrice Montserrat Caballé a quitté la terre. Nous reste sa voix...
On peut éventuellement quitter la terre, aussi, en s'abandonnant à la voix de Caballé.
(le son de la vidéo n'est pas terrible, mais on peut toujours aimer !)

lundi 1 octobre 2018

Fête de la mi-automne

Je n'ai plus beaucoup de souvenirs de cette époque ancienne, lorsque à la mi-automne, durant les nuits plus longues mais encore relativement douces, et à partir de la fin de l'après-midi, nous retrouvions d'autres familles pour fêter la mi-automne. Nous partagions, sans doute, quelque repas, et les mômes se baladaient ensuite avec leurs lampions de papier, éclairés par des petites bougies. 
J'aimerais bien revivre, parfois, ces moments révolus. J'aimerais bien sentir à nouveau les parfums de cette enfance. 


Un automne passé
un automne perdu
des images reviennent
ce cartable d'avant
qui pesait sur le dos
ce vent chaud de septembre
caressant le visage
l'écolier solitaire
et déjà nostalgique
de rien, de je ne sais
quoi, un sentiment trouble
une voix qui soufflait
il y en aura d'autres
des humeurs automnales
et des saisons des pluies