jeudi 26 août 2021

Presque rien à l'horizon

Je fais toujours les choses à moitié, je m'arrête toujours en chemin. Tout est inabouti en ma demeure, l'élan s'étiole dès les commencements, et je ne termine presque jamais rien. Les projets restent des mois et des années en suspens, des petits riens sans grande ambition. Je les cultive longtemps dans l'ombre et l'incertain. Ma psychanalyste que je ne vois plus dirait sans doute qu'il faut le temps de la maturation et que c'est ainsi. Pas de quoi culpabiliser. Tel serait mon fonctionnement et ma névrose : la procrastination est une forme de maturation. 

La fin de l'été approche et les idées qui ont fleuri auparavant, comme par étourderie, dans une folie ordinaire, dans une euphorie passagère et insensée, se dissiperont peut-être dans l'hiver prochain. C'est la valse des saisons qui ne cesse de tournoyer. Déjà, mais sans hâte, je languis l'automne. Hélas, l'heure de la reprise du travail et de la comédie en société sonne aussi : ce coup de frein au rêve et au désir. Il n'y a rien de plus aliénant et de plus déprimant.

Avec les années cependant, j'ai appris l'anesthésie mentale. Plus je vieillis et plus je sombre dans une indifférence au monde et à l'action. Et les nouvelles des humains sont toujours aussi navrantes. 





lundi 2 août 2021

Rien de nouveau sous l'ombre



En ce moment, les manifestations populaires pullulent. On crie "liberté". On exige la "liberté" dans une société qui serait dictatoriale. Je crois que c'est en fait le symptôme paradoxal d'une aliénation profonde. Peut-être est-ce le summum de l'aliénation contemporaine occidentale, qui, dans un dernier semblant de lucidité, s'écrie "liberté". Mais la liberté des droits individuels ne garantit en rien une liberté intérieure. Tout individu est aliéné par ses nombreuses croyances, ses illusions, ses fantasmes, ses déterminations, ses désirs obscurs inavouables.



Sourds à l'altérité qui les compose, tous ces individus pétris de certitudes et qui appellent à la liberté me font l'effet d'une masse d'exhibitionnistes participant à une mascarade inconsciente et morbide : les gens, les peuples, les groupes sont toujours capables des pires intolérances, des crimes les plus infâmes. Jusque dans leur vulgaire quotidien qu'ils habillent d'idéaux prestigieux.



Quel spectacle ! Quelles ténèbres dans le cœur des hommes.





Vraiment, je n'y arrive pas. Je vois toute cette tromperie. 

Tous ces vaccins QR code pass sanitaire etc. ne m'empêchent aucunement de fumer et de boire du vin à la terrasse d'un café, de flâner paisiblement dans les musées, de jouir des plaisirs esthétiques, érotiques, mélancoliques et autres, de contempler la beauté éphémère des choses de la vie, de lire écrire et de rêver en vain, de vivre seule avec mes ombres mes doutes, d'aimer, et puis de mourir à ma guise.



Nous sommes tous ici pour choisir nos prisons.