Un de mes remèdes éphémères à la mélancolie est un doux poison. Puisque le vide de la mélancolie me gagne et me perds - je ne crois plus, désormais, à une guérison possible - , je fume. La fumée me permet alors, parfois, de tendre l'état mélancolique vers le vide de l'état méditatif, et/ou contemplatif.
Je découvre en lisant L'encre de la mélancolie (merci Monsieur Starobinski) que l'ellébore, ma toxique bien-aimée des sous-bois hivernaux (que l'on peut orthographier avec ou sans "h" - comme quoi l'orthographe est une science arbitraire), était un pharmacon antique préconisé dans le traitement de cette maladie légendaire, bien que la mélancolie ne soit pas une maladie, et même si elle peut entraîner de douloureux symptômes comme la grande fatigue existentielle, ou la distillation lente de l'inertie dans tout le corps.
La mélancholia est un sentiment perdu qui dérive du plus obscur de soi, une Nuit des temps intérieur, un jardin en ruines, l'ombre de la forêt Noire ; et les yeux en crèvent de l'avoir perçu trop tôt, dès l'aube.
Hellébore d'un hiver passé