vendredi 31 août 2018

Finding Vivian

Secrète, excentrique, paradoxale, mystérieuse, solitaire, sombre...
J'ai toujours eu un faible pour les personnes qui sortent de l'ordinaire.
Et c'est par ces quelques adjectifs que les personnes ayant connu l'artiste la décrivent.  Il ne m'en a pas fallu plus pour éveiller ma curiosité. Qui est Vivian Maier ?

Il reste 2/3 jours pour découvrir cette photographe de rue sur Arte : un documentaire passionnant.


Los Angeles, 1959.


Le site de Vivian Maier

dimanche 26 août 2018

Samedi 26 août

 j'eus envie d'aller prendre un bain de foule en compagnie de ma vieille camarade S., journaliste baroudeuse indépendante, dans la grande ville de Grenoble. Il s'y tenait, durant quelques jours, l'Université d'été solidaire et rebelle des mouvements sociaux et citoyens (ce fut tout un programme...) ! 
J'eus  le loisir de revisiter Stendhal, la fac que je fréquentais en dilettante il y a bien longtemps. La manifestation se déroulait là-bas, dans une ambiance relativement joyeuse et festive, malgré la présence de quelques militants énervés.
Suivant S., qui connaissait nombre de personnes, personnalités, activistes en tous genres, vieux professeur de fac à la retraite, etc., me disant "c'est toujours les mêmes que l'on voit" ; je me prenais, à ses côtés, pour une photographe reporter.

Quelques images donc de cette folle journée :


Environ 13h, arrivée quelque part à Grenoble. Comme d'habitude, je circule toujours sans GPS (Ni Groupe, ni Personne, Sans-famille).


Un peu plus tard sur le campus, nos regards sont attirés par un groupe de batuqueiros.
Ils joueront en fin de journée au jardin de ville, nous informe la personne en fauteuil roulant.
Le bar est fermé, il a migré au jardin de ville pour la grande fête de ce soir.


Tandis que nous nous avançons vers les stands d'asso alternatives, de librairies alternatives, de presses alternatives, un curieux personnage nous arrête. 


C'est un poéticien, représentant officiel du Ministère du bonheur, de la contemplation, et de l'exploration des petits mondes. Son discours était aux normes iso 80 milles et des poussières, garanti bio, sans gluten, mais pouvant contenir des traces du mot arachide. Parmi les préconisations du ministère, il y avait l'obligation d'adopter un escargot afin que la gentille bête nous enseigne la lenteur.
Bien entendu, nous avons accepté de nous laisser poétiser.


Ce sont toujours les mêmes associations.


.Je n'ai pas trouvé la voie du milieu.





Un lecteur d'appareil numérique.


Nous assistons à une conférence. Dès le premier discours, je m'assoupis.
Mais une intervenante racisée, particulièrement remontée, et s'adressant au public blanc en pointant son doigt accusateur, m'a brusquement réveillée. Il faut arrêter, dit-elle, de se focaliser sur le front national, mais par contre, il ne faut pas oublier que les premières victimes de tous les blancs même dits de gauches sont les non-blancs.
La pâle étrangère avait envie de lui demander pourquoi elle catégorisait la société de manière aussi simpliste et binaire. Et puis, je me suis dit à quoi bon ? Elle a été vivement applaudie. Le public est convaincu : cette société se divise entre blancs et non-blancs.


Heureusement, la Nuit approche et nous nous rendons au jardin de ville. Là-bas, la société se divise aussi en deux catégories (à mes yeux) : les buveurs de bière et les buveurs de vin.


A certaines heures, je ne vois plus très clair.


Mon voisin de trottoir me demandera une cigarette, et me remerciera en disant Mademoiselle


Il faut croire que dans la Nuit, les madames paraissent demoiselles.

mercredi 22 août 2018

The sun is dark and blue


Slumberland

When she woke up the other night , she said “I saw the moon blink”
I spoke to her my sweetest dear, the moon fell down last year
Oh my dear, the moon fell, the moon fell down last year

When she woke up the other day, she says “I see the sun shine”
I spoke to her that that ain’t true, the sun is dark and blue
The sun is dark and blue, dear, the sun is dark and blue

When she woke up the other night, she said “I see the stars sparkle”
I spoke to her it cannot be, the stars drowned in the sea
The stars went down the ocean, the stars drowned in the sea



mardi 21 août 2018

Saudade

Il y a tant de musiques dans le monde, tant de voix qui chantent l'exil. Ce sont des pansements, de doux réconforts, pour les âmes endeuillées. On y pense, on n'oublie pas, les naufrages des exilés, ceux qui n'ont plus de chez-soi, ceux qui n'ont plus de pied à terre, ceux qu'un sol stable ne soutient plus, et ceux qui n'arrivent jamais à destination.
Dans l’émission de la veille, un intervenant disait que peut-être l'exil, le sentiment d'exil, s'exprime mieux avec une musique ou une chanson. Un blues, une saudade. Une chanson d'automne à la Verlaine.
Les musiques de l'exil continuent, toute la semaine, pour notre plus grand bonheur, et notre plus grand chagrin. En compagnie, entre autres, ce jour, de la grande et inoubliable Cesaria Evora.




Et puis, pour ma nostalgie personnelle, la chanson qui a bercé mon enfance, jouée et chantée souvent par un cher exilé.







Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon coeur
D’une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

(Poèmes Saturniens)










automne 2017
Un lieu hanté

lundi 20 août 2018

Les chants du départ

Ou les petites musiques de l'exil à écouter ici un peu plus tard dans la journée ou dans la Nuit.


Il n'est pas si aisé de changer des habitudes de vie que l'on contracte comme des maladies chroniques, sur de longues années. Partir-quitter est toujours un ébranlement (un tremblement de soi).
Et chaque dimanche soir, je suis en ruines. Mille et une pensées tristes me chantent le blues, des adagiettos. Je deviens d'une humeur lugubre.
J'ai donc repris le chemin des bois. Un silence de forêt à la tombée du jour ne devait que m'apaiser. 
Il parait que l'arbothérapie est attestée scientifiquement... S'il faut attendre cependant que les singes humains prennent conscience "scientifiquement" du bienfait des arbres savants sur leur santé pour prendre soin de ces derniers, on a le temps d'agoniser.
Ces immenses platanes, si immenses ! On n'a qu'une seule envie, les prendre dans nos bras.
Les marronniers d'Inde roussissent à vue d’œil, dévorés par la mineuse. Ce seront les premiers arbres à perdre leurs feuilles. 
Quand ils seront nus et frissonnants, l'automne débutera. 

jeudi 16 août 2018

Plus les jours passent

et plus elle devient contemplative. Son activité - c'est un grand mot - photographique, sans grande prétention artistique, est sans doute un témoignage (ou un symptôme) de sa contemplation excessive, de sa passivité grandissante, de son presqu'immobilisme, de son manque de goût pour l'action. Elle n'est guère "acteure de sa vie". Elle se sent plutôt devenir comme une fumée de cigarette qui s'inspire, s'expire, s'arabesque et s'éparpille lentement. Puis s'éthernise dans l'ennui.
Être acteur de sa vie, qu'est-ce que ça signifie ? Cette injonction sociale à la mode d'aujourd'hui fatigue, épuise, cancérigène. Or c'est dans presque toutes les bouches. Une pollution existentielle.
Elle contemple le monde éloigné. Elle entend le bruit, la rumeur, l'affairement. Elle l'écoute d'une oreille. Elle se noie parfois dans la foule. Elle rêvasse en même temps. Si le rêve n'existait pas, oh la la ! Quel malheur ! 
Elle est entraînée par le flow. Elle ne sait pas nager. Elle perpétue son absence. Elle finit par écrire comme elle contemple, comme la pensée flâne, comme la pensée flotte. Une déambulation sans but précis, sans objectif. Elle n'a pas le goût d'écrire comme une dé-monstration, une organisation, une structuration, une grammaire. Elle écriflâne. Elle lierre. Comme ça vient, comme ça traverse. 



Dans les rues et les eaux de la belle Annecy

Quelques clichés...























Flâner (c'est tout ce que je sais faire).
Rire avec deux jolies de cœur.
La vieille Annecy est excessivement envahie par les touristes, mais comment ne pas aimer cette Venise et son centre si charmant ? On ne s'en lasse pas. 

lundi 13 août 2018

Les étoiles fuyantes


Il n'y a plus d'étoiles dans la Nuit. Il n'y a plus de Nuit.
Elle n'a vu qu'une seule étoile fuyante.


Dans la grisaille du matin, elle se souvient du vœu de Lô.
Quel vœu pourrais-je faire ? se demandait-elle.


 Fuyons ! Comme les étoiles.

samedi 11 août 2018

Matrie



pour mum


Ciel rouge
Signe de vent, aurais-tu dit
C'est ta vie que je cherche
Saïgon du temps de toi
Je reviens sur tes pas
et tes enfants perdus

Terre Mère
j'invente pour toi le mot Matrie

Je cherche le vent rouge
dans la mémoire du ciel

vendredi 10 août 2018

Retour à la cité


Après presque deux décennies de retrait rural, elle retrouve un certain plaisir à déambuler dans les heures nocturnes de la ville. Elle redécouvre le vide des ruelles. Elle se souvient, maintenant, de son passé de citadine. C'est comme ci elle revenait vers un point de départ imaginaire, comme si son chemin faisait une boucle en arrière : un flashback dans lequel naissent de nouvelles rêveries, de nouvelles solitudes.



jeudi 9 août 2018

OLNI



Hélène Cixous est un OLNI : un Objet Littéraire Non Identifié, selon son ami Derrida.

On peut l'écouter ici.

Lire, c'est défier l'augure.

mercredi 8 août 2018

Sur le Rhône


Elle parle, elle parle, elle parle et je l'écoute plus ou moins vaguement. Ma pensée fait des tentatives de fuite. Ma pensée s'échappe, mon attention est nulle, je l'entends à moitié, je ne comprends pas tout. Elle me fatigue depuis toujours, mais je l'aime bien quand même. 
J'aurais préféré contempler la nuit, le fleuve, le silence, les lumières, le vent, tout autre chose.


La vie humaine – ah ! La vie en elle-même – est poésie.  
Inconscients, nous la vivons, jour après jour,  
Étape par étape, - mais dans son intangible  
Unité, elle vit, elle nous fait poésie.  
Loin, bien loin de l'ancienne formule : « Faire de sa vie une œuvre d'art »,  
Nous ne sommes pas notre œuvre d'art  

lundi 6 août 2018

Ma déclination

J'attendais F., ma compagnon en déclination. 
C'est toujours mieux de broyer du noir à au moins deux, c'est plus amusant, c'est plus joyeux. 
Pendant qu'elle arrivait, je commandais un verre de vin. Il faut être ivre ! Ivre de Pink orange red, ivre de l'amer. 
Je pensais à frérot. Un an et quelques mois que tu es mort, trop jeune, pauvre raté. Et ce n'est pas un poisson d'avril. 
Je pensais aux deuils dont on ne se relève jamais. 
Je pensais aussi que après mon repas, j'irai dormir. Soit à l'ombre d'un arbre, au bord du lac, soit à l'ombre de mon lit devant le dernier Woody Allen. Peut-être que je ferais les deux.


"Le migrant migre d'un territoire à un autre [...]. L’exilé passe d'un ciel à l'autre..." 

Elle est



samedi 4 août 2018

L'argent et le travail

Alors que nous cherchions à fuir la brûlure du soleil en nous rendant dans une ville d'eau, alors que je cherchais à fuir quelques idées noires en partant me balader avec une petite ombre grise de mon coeur (ce fût un échec cuisant), j'ai été surprise de constater qu'il existe encore des lecteurs sous la canicule. Pendant quelques minutes, cette observation égaya mon ennui existentiel.

 Pont-en-Royans








Jeune homme en tenue d'intérieur lisant Tolstoï


Elle me dit : arrête de prendre des gens en photo...
Oui, mais ça me distrait un peu, pensai-je.

"Nul n'est plus pauvre que moi ; je suis un parasite faible et propre à rien, un parasite qui ne peut exister que dans des conditions exceptionnelles, lorsqu'un millier d'hommes travaillent pour soutenir cette vie inutile aux autres".