samedi 29 septembre 2018

Les nuits d'été

été 2016


Un deuil, c'est te revoir là où je ne t'attendais pas, là où je ne t'attendrai plus, là où je ne t'attendais jamais. C'est te sentir là où tu ne viendras pas, là où tu ne viendras plus, là où tu ne serais jamais venu. C'est te penser en chaque lieu, dans le plus insignifiant des lieux, dans le plus habité et le plus vide des lieux, dans le plus commun et le plus incongru, un lieu où je ne pensais pas penser à toi, un lieu que tu hantes soudain. 

mercredi 26 septembre 2018

Coincoin et les Z'inhumains

Je pense que je serais en train de faire une grave dépression s'il n'y avait pas, en ce moment, la mini-série complètement délirante de Bruno Dumont, Coincoin et les Z'inhumains !
J'adore. Les humains du monde de Coin coin ont des problèmes d'articulation, bégayent, ont la parole vacillante, incertaine, à peu près ; ils sont nuls, idiots, nazes, bidons, bêtes, ridicules. On pourrait penser que ce sont des caricatures, mais la fiction n'est pas si loin de la réalité. Il tombe de la bouse gluante sur les humains. Les humains ne sont pas dans la merde en vérité. 
C'est l'apocalypse, Carpentier ! La fin des humains, la fin du monde humain. Paroles de l'inimitable commandant de gendarmerie. Personnage inoubliable.
Donc, j'ai regardé toute la mini-série, et demain, je vais voir ma psychanalyste.
A part ça, la lune est belle ce matin.



mercredi 19 septembre 2018

Ce jour

Pour fêter mon 42ème inconvénient d'être née, je vais me souhaiter et m'offrir une joyeuse mélancolie, un merveilleux ennui, une extraordinaire lassitude, une magnifique déprime, des vents, des tempêtes, des pluies, des orages, des brumes à perte de vue, des cafés et des clopes fleur du pays, la bonne résolution de continuer de fumer et de vieillir, des automnes et des feuilles mortes, des solitudes poussiéreuses, des rires aux larmes, des pensées pour les morts, des lieux hantés, des deuils et des deuils, un bouquet de roses rouges fanées et jetées à la poubelle, des angoisses existentielles, du vin, du whisky et des calories, des cheveux blancs, des rides, des chagrins et des abîmes, l'essoufflement, des ascenseurs en panne, des tachycardies, une tomate une pomme un oignon blanc pour midi, des désillusions, des ratages, des échecs cuisants, des migraines, des cellules mortes et des neurones décroissant, un déclin inéluctable, des tumeurs cancéreuses (avec un peu de chance), des cauchemars, des insomnies, du travail interminable, être toujours en retard, des multi-listes de tâches, des chansons tristes, des chansons d'amour, des amours qui finissent mal, etc.
Ce sera une excellente nuit.

jeudi 13 septembre 2018

Madame, madame

Est-ce que vous regardez la télé ?
Non.
Vous n'avez pas de télé ?
Non.
Vous ne regardez jamais la télé ?
Je regarde Arte, quelquefois.
Ah oui, Arte, trop bien. Les documentaires sur les lions, j'adore les documentaires sur les lions.

Est-ce que vous connaissez [nom d'un joueur de foot (que je n'ai pas retenu)] ?
Non.
Vous ne connaissez pas [nom d'un joueur de foot] ?!
Pas du tout.
Et [autre nom d'un joueur de foot] ?
Je ne connais pas.
(exclamations d'étonnement dans la salle)
Je ne regarde jamais le foot.
Ah ! Ce n'est pas possible !
Zidane, vous connaissez Zidane au moins ?

Ah ! Ces jeunes ! Pensais-je. Ils sont drôles.
Ravie de faire votre connaissance.

Et la variété Madame, vous aimez la variété ?
J'aime bien la chanson française.
Vous connaissez [un nom de chanteur que je n'ai pas retenu] ?
Non.
"Il est où le bonheur, il est oùuuu ? Il est où ? Il est où le bonheur, il est oùuuu ? (lalalala)"
(rires)
Je déteste cette chanson.

Bon, on va faire de la culture générale. Je vous recommande cet ouvrage, c'est une anthologie.
Vous savez ce que signifie une anthologie ? Qui peut me donner la définition du mot anthologie ?

Je vais vous expliquer ce qu'est une anthologie.

Donner un cours l'après-midi, c'est mortel. Surtout que je n'avais guère envie de travailler. Heureusement, ces enfants terribles m'attendrissent. 

En fait, on est toujours seul Madame. Même avec tous, on reste seul, on meurt seul dans notre coin.
Vous avez tout compris. 

On va bien s'amuser. 


A côté de la fontaine, il y a une impasse : l'impasse de la peine. 

mercredi 12 septembre 2018

Adieu la vacance



Voici venir le temps du stress de la dernière minute !
La course redémarre et je suis en retard pour tout, dans tout ce que j'entreprends.  
Hier, j'ai pensé mourir deux fois sur la voie rapide en me rendant à mon "travail". Heureusement, c'est un tout petit groupe de jeunes demoiselles qui m'attendaient, bienveillantes quant à mes quelques minutes de retard. 
Seuls avec tous : c'est la nouvelle thématique à l'étude en classes de bts. 
Ah ! Quel thème ! Individu et société. Cela me rappelle le Vivre seuls ensemble de Tzvetan Todorov. Mais du coup, je vais feuilleter son essai d'anthropologie générale, La vie commune. Des fois que. Entre quelques nouvelles d'Haruki Murakami, Après le tremblement de terre, je pense.
Avec les jeunettes (elles sont mignonnes), on regardera Dogville par exemple. Ce sera presque suffisant. Puis on lira L'homme des foules d'Edgar Poe. Aussi. Pourquoi Pas ? On parlera des pseudo nouvelles formes de solidarités, comme les amap. On évoquera l'économie sociale et solidaire. Très amusant. 

dimanche 9 septembre 2018

Suzanne



Tu avais fait le choix d'aller là-bas vivre, ensemble. Tu es montée dans cet avion qui te faisait quitter le pays qui te ressemble. Et tu as dit "au revoir" aux soleils mouillés, aux ciels brouillés, tu as fini par oublier leurs larmes.
Le temps a filé, les années ont passé, et la splendeur orientale de ta jeunesse a lentement fait place à l'automne d'ici.
Mais tu parles toujours ta douce langue natale et cette langue de la première enfance, cette langue maternelle, elle parle à ton âme en secret. L'entends-tu encore ? Elle te chuchote d'aimer et mourir, elle te supplie d'assouvir encore ton moindre désir.
Voici venir à présent le temps des soleils couchants, le temps où le monde s'endort dans une chaude lumière.
Et je t'invite à voyager, pour une dernière fois, avec sérénité.
Le pays qui t'accueillera est au delà du bout du monde mais là-bas, "tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté". 

vendredi 7 septembre 2018

Metamorphosis


Après une journée harassante

je repris le chemin des bois. Le temps était merveilleusement gris et la pluie tombait, douce, bienfaisante. Elle caressait le feuillage, le visage, la rivière. 
Le vent était absent, le bois était presque sombre et désert. La Nuit approchait.
Je flânais dans la pluie et le silence. Quel plaisir de marcher sous la pluie en cette fin d'été ! La saison chaude se meurt, la saison est idéale. 
Croisant quelques rares coureurs de fond motivés, je pensais alors que je n'étais guère endurante, contrairement à eux. J'ai toujours manqué d'endurance. Je déteste courir. Je préfère marcher. 
Et le plus agréable était de jouir des lieux vides, calmes, humides, là où il n'y avait pas l'ombre d'une âme.
Par contre, me disais-je également, je sais parfaitement courir à ma perte.






mardi 4 septembre 2018

Septembre sur la Deadline

Il y a deux semaines, un vieil ami me dit que je traverse ma crise de la quarantaine. A 40 ans, il y aurait toujours une crise. J'en suis à quarante et des poussières (d'étoiles). Et je ne sais pas si la crise est longue, mais il me revient en tête d'avoir lu un jour, quelque part, que la subjectivité humaine est toujours en crise, que la crise est intrinsèquement subjectif, ou qu'il n'y a pas de subjectivité sans crise. Un truc comme ça.
La crise, la crise, la crise ! (La crise est partout : crise économique et sociale, crise migratoire, crise de la quarantaine, etc.)
Il ajoute que j'ai répondu à un appel spirituel. 
Je l'écoute, mais je suis un peu perplexe.
Nous festoyons, un repas humble et convivial. Puis nous allons fumer, pensifs, sur le balcon.
Je reprends notre discussion : tu dis que j'ai répondu à un appel spirituel, mais alors... qui m'appelle ?



dimanche 2 septembre 2018

Déambulation au jardin (suite et fin)


Après avoir traversé la porte du ciel, je voyais tout en noir et blanc :


l'après-midi était calme, tranquille, doux. 


Les musiciens se concentraient ;


on papotait à l'ombre des arbres ;


on méditait au bord de l'étang ;


certains pratiquaient un art martial : un genre de sport pour évanouissants ;


d'autres se cachaient entre les bambous ;


un individu prenait un bain de rivière.


Et durant tout ce temps sans histoire, je dormais sous un catalpa.

Toujours en chemin


au jardin zen

samedi 1 septembre 2018

Déambulation au jardin

Le jardin zen invite à la rêverie. Un joueur d'accordéon, une harpe, un saxophone, des enfants du cirque, des danseurs bleus, des pratiquants de taï chi, des bulles, des torches... Invitation à la déambulation poétique parmi le peuple du jardin, invitation à la lenteur, invitation à la contemplation.