samedi 26 juin 2021
Musarder, comme les liserons.
samedi 19 juin 2021
Tentative de never définition de la poésie - never
Ce soir c'était un whisky
Eau Ambre merveilleuse
Pierre précieuse enivrante
Instant de non-délit délicieux
Fête de l'oubli des jours laborieux
Restaurant chinois-coréen en amies
Ambiance post-extrême-orientale
Parfums couleurs familiers-étrangers
Je savoure un air libre.
Naufrage à bord des pensées sans grammaire.
J'ai lu et écouté toutes les tentatives passé-présent-futur d'une définition de la poésie :
je ne sais pas ce que la poésie veut dire, lorsqu'elle prétend signifier.
Il y a trop et pas assez de poètes sur la terre.
Je ne suis pas un poète, et encore moins une poétesse.
Je ne suis pas auteur, autrice, écrivain, écrivaine, ou que sais-je encore.
Je n'ai rien lu.
Sauf Héraclite qui dit par la bouche d'Heinz Wismann que tout discours contient sa contradiction,
et qu'en ce sens, il ne coïncide jamais avec le réel.
La parole d'un poète vrai, s'il en existe un, est une allusion. Et souvent, une illusion.
Je ne suis pas un poète avant-gardiste : je me tiens à rebours.
Je pérégrine dans les reflets.
Je suis classique sans être classique et je n'ai pas d'opinion.
Les opinions sont encore plus ennuyeuses que mon ennui.
Je n'ai aucune position, je n'ai pas d'avis impératif, je suis comme un marin des cafés de la gare.
J'empreinte des arbres en stationnement illicite pour monter au 7è ciel : compartiment fumeur SVP.
Je suis militante des droits du rien.
La contemplation du déclin me suffit.
J'écris depuis l'ombilic des limbes.
J'aime, c'est déjà ça : je suis une amoureuse démodée.
Et seul le climat de son corps me convient.
jeudi 17 juin 2021
Rêveries d'une passante solitaire
Dernier jour de cours pour moi, je vais clore cette année scolaire placée sous le thème de la musique avec Accords et désaccords, l'excellent film de Woody Allen. Je suis à peu près certaine que les jeunes ne le connaissent pas, et je ne suis pas certaine qu'ils apprécient. Néanmoins, qui sait ?
Souvent, je suis gagnée par la lassitude d'enseigner. Lassitude qui augmente lorsque l'on approche l'été et la chaleur étouffante. Les cerveaux, déjà peu remplis en général, semblent encore plus se vider à la fin de l'année scolaire. Il n'y a plus que leurs écrans qui les intéressent, pour une grande majorité. Leurs écrans, leurs réseaux sociaux, leurs films ou séries Netflix, et quoi d'autres ? Je ne voudrais pas insinuer qu'ils n'ont pas de culture, ni brosser un portrait trop négatif de ces jeunes à qui j'essaie d'enseigner quelques compétences rédactionnelles, de transmettre quelques connaissances en "culture générale", d'éveiller un peu leur curiosité, de tenter de leur faire réfléchir sur le monde et sur eux-mêmes, de construire avec eux un regard critique et réflexif, d'insuffler un peu de poésie, etc., mais ils sont en fin de compte bien peu - une grande minorité, à s'intéresser à ce qui sort de leur ordinaire : de leur "zone de confort", comme on dirait de nos jours, expression managériale des plus à la mode aujourd'hui... (On la sort et la répète à toutes les sauces, mais sait-on vraiment ce qu'elle signifie ?)
Peut-être, exprime-t-elle bien, finalement, quelque chose de l'humaine condition : quelque chose d'une fausse profondeur. Une profondeur superficielle. Une expression qui prétendrait être d'une profonde intelligence, qui en donnerait l'illusion en tout cas, à celui qui en userait.
Pour ma part, je peine de plus en plus à sortir de ma zone de confort.
Ma zone de confort, ce sont mes éternelles rêveries. Mes rêveries au bord des eaux. Et je relis actuellement la préface de L'Eau et les Rêves de Gaston Bachelard. Je crois par ailleurs qu'il n'y a pas plus poète que ce philosophe :
"On rêve avant de contempler. Avant d'être un spectacle conscient tout paysage est une expérience onirique. On ne regarde avec une passion esthétique que les paysages qu'on a d'abord vus en rêve."
N'y a-t-il pas plus joli renversement ?
La peine de l'eau est infinie. Je retrouve toujours la même mélancolie devant les eaux dormantes, une mélancolie très spéciale qui a la couleur d'une mare dans une forêt humide, une mélancolie sans oppression, songeuse, lente, calme. En ce qui touche ma rêverie, ce n'est pas l'infini que je trouve dans les eaux, c'est la profondeur. L'eau anonyme sait tous mes secrets. Une goutte d'eau puissante suffit pour créer un monde et pour dissoudre la nuit.
mercredi 16 juin 2021
lundi 14 juin 2021
Pourquoi reprendre quelque chose plutôt que rien ?
Reprendre l'écriture là où elle s'est arrêtée
Reprendre le train à rebours, compartiment fumeur svp
Reprendre un chemin d'à côté, celui des feuilles mortes
Reprendre des tartines de pesto d'alliaire fait maison
Reprendre un ou deux verres de Riesling
Reprendre des kilos de cellules émotionnelles
Reprendre le fil de la non-histoire
Reprendre là où l'écriture ne s'est jamais arrêtée
Reprendre un goût de nuit et de lointain
Reprendre un café et un carré de chocolat noir
Reprendre une cigarette ou deux aussi
Reprendre depuis le début et surtout depuis la faim
Reprendre un peu de vanité, tout est vanité
Le déclin du jour
Je contemple le déclin magnifique du jour. Je voudrais immortaliser la chute du jour.
L'ascension de la nuit.
Retenir l'éclosion de la nuit.
Un jour, la nuit éclot.
mardi 8 juin 2021
in absentia
j’ai pris le train en marche arrière.
Gare aux réminiscences
Départ pour les contresens
Contrées disparues – lieux communs – histoires ordinaires.
Mondes à trop grande vitesse
Je n’ai pas vu les années passer – un comble pour une passante.
Il était un jour, j'ai embarqué à bord d’un TER
(Train de l’Éternel Retour)
Sens inverse
Demi-tour
À rebours.
Voyage à l'envers du décor,
intérieur à contre-courant.
Blaise, dis, sommes-nous encore loin du passé antérieur ?
Elly, il n'y a plus de compartiments fumeurs.
Grenoble – Chambéry – Annecy – Cluses
C’est mon Transsibérien, mon trajet sensible,
mon train de vie très passé.
A contre-jour
Encore une éternuité qui s'est écroulée avant que je ne prenne un billet de non-retour.
Échappée belle
Pause – arrêt – arrivée de toujours – méditation au Café de la Gare.
Là-bas,
une ado d’autrefois attendait encore,
et ô combien de cafés, combien de cigarettes, combien d'heures suspendues.
lundi 7 juin 2021
Couler dans les paradis virides
mercredi 2 juin 2021
La révolution d'un seul brin de paille
Il est des livres posés au chevet de ma pensée, tel celui de Masanobu Fukuoka, faussement en dormance, mais agissant silencieusement, sans manifestations criantes.
Il est étrange alors de constater le cheminement tâtonnant de la pensée. Elle m’apparaît souvent comme une forme sans forme, comme une entité qui se meut en sourdine et qui parfois, fait parvenir à la conscience – comme sautant du coq à l'âne, dans un je ne sais quoi d'irrationnel, sans logique, mais sans doute de manière analogique : des associations libres, semble-t-il… (C'est dire un peu que la pensée n'est pas seulement affaire de conscience, mais qu'elle a quelque chose d'un inconnu évident, d'un processus inconscient.)
Ainsi, pensant ce lien indéfectible qui unit les êtres parlants au besoin de sens, à ce besoin de donner un sens à leur vie, comme on dit, ou de tout expliquer, croyant comprendre énormément de choses même ce qui dépasse l’entendement ; il m'est resurgi ce bon vieux livre du cultivateur « sauvage » que fut Masanobu Fukuoka, celui qui prônait un non-agir en agriculture, une ré-alliance aussi entre agriculture et spiritualité, un humble retour à la terre, chacun avec son bout de terre pour (se) cultiver et (se) méditer, en simple compagnie, voire peut-être en symbiose – qui sait ? avec la nature. Là où toute théorie deviendrait presque futile…
Me revenait alors ce passage où il expliquait que les paysans du 20eme siècle, devenus agriculteurs de grandes surfaces, n'avaient plus guère le temps de chasser le gibier durant la saison froide, ou (pire encore) de composer des haïkus. La dimension poétique (ou spirituelle) ne nourrissait plus l'âme de celui qui cultivait la terre pour « produire » de la nourriture, à foison, comme il en était convenu désormais, des fois qu'il s'enrichirait.
Une perte pour un gain ? Ou une perte pour une perte ?
Peut-être faudrait-il retenir et méditer ce conseil de M. Fukuoka : « Si l'on ne cherche plus à manger ce qui est agréable au goût, on peut goûter la vraie saveur de tout ce que l'on mange. »
(2017)