il était un soir ordinaire
j’écrivais une
poésie pour l’allumeur de réverbères,
car l’allumeur de
réverbères est celui qui nous rêvait
d’autres horizons,
d’autres hasards, d’autres ciels inattendus.
Dans les villes
tentaculaires
par les ruelles
emmêlées
l’allumeur de
réverbères
gardien des univers-nuits
ombrait des
éternuités.
Des Illuminations
scintillaient les pupilles
Phare bougie halo
blafard
Signes-feux aux naufragés
des quotidiens des jours austères
L'allumeur de réverbères éclairait des chemins
dans les routines existentielles.
Il allumait des
rêves
des songes des déroutes
des fleuves infinis
des cernes jusqu'au cou
et des voix sans
issue
des nuits à dormir
debout
des nuits à tomber des
nues
des brumes des
brouillards
des soirées des
impasses
et des oiseaux nocturnes
des bancs obscurs des parkings
des soi des ténèbres
des bleu-nuits des
nuits noires
des solitudes marines
et des illusions des
chimères.
Il veillait aux fenêtres
endormies
quand la nuit, tous les
chagrins sont gris.
Il y a longtemps
déjà, il était un soir ordinaire
ma poésie pour
l’allumeur de réverbères
a sombré dans une
histoire très passée.
Comme l’allumeur
de réverbères, a-t-elle seulement existé ?
Je n’ai pas connu
l’allumeur des
nuits blanches
et des happy hour
des lueurs
crépusculaires
et des faces cachées
de la lune.
Il ne reste plus
désormais
que des réverbères
électriques
comme des roues fantômes
qui trônent dans le vide
dans les squares
esseulés
des lumières
orphelines.
Et je sais une
chose à présent :
il est des âges où
nous ne croyons plus
depuis longtemps déjà nous n’attendons
plus
naïfs comme des enfants
que le monde
s’éclaire.