lundi 19 février 2024

Tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de se taire

Puis, s'emmurer dans le silence, le retenir tout contre soi, tout contre, devenir sourd à la rumeur ambiante, briser le bruit. Couper le souffle quand tout tombe à l'eau, frissonner dans le brin d'air et renaître végétal. Donner de la voix au rien, vider la parole, ne plus dire une seule image, jeter l'encre et s'évanouir dans la nuit. 




dimanche 28 janvier 2024

Aux évanuissants

   L'asile est toujours temporaire, 

disent les ombres des fleuves et des rivières. 

Un jour ou l'autre, 

comme une idée qui se noie dans l'immensité, 

le temps s'évanuit dans la brume. 

Il n'y a plus d'asile où se réfugier,

mais un je-ne-sais-quoi-et-presque-rien,

peut-être tout un poème

qui demeure inaccessible

à la grande majorité.






samedi 27 janvier 2024

Asile fluvial

J'ai aimé me promener vers la fin de l'été, quand les soirées étaient plus douces et la chaleur moins assommante, près du fleuve qui ressemblait, comme deux gouttes d'eau, à l'amour. 

La tour de Babel m'apparaît bien loin dans mes souvenirs, et j'ai quitté tant de ciels.

A présent, je réside au bord d'un fleuve, à l'heure bleue, tout près de ma nuit.





mardi 31 octobre 2023

Forêveries


 Forêt for rêveur (de la lune)



Il faut peut-être avoir parcouru et médité assez longuement les idées qui ont traversé les mondes et les temps, pour pouvoir se dire un jour : l'intellectualisme est d'un ennui. De toute façon, on ne comprend rien à rien.

mercredi 30 août 2023

Sur les rives


 

Le temps s'écoule au fil de l'eau, changeant de teintes au gré des moments, des pensées, des jours et des nuits : bleu ciel, vert végétal, nuit d'encre, gris nuage... C'est le fleuve et ses métamorphoses indécises. 

Aujourd'hui, je me suis installée sur les rives d'une onde qui serpente vers l'amer, et souvent je me dis que jamais vent ne se ressemble : on ne se baigne jamais deux fois dans le même vent.



mercredi 12 janvier 2022

Images urbaines (4)

 Je dérivais vers la pensée sauvage. Je faisais l'expérience de la pensée en images : celle qui ne disait mot. Une pensée silencieuse, pas bavarde. Une pensée qui n'interprète pas, qui ne définit rien. Une pensée insignifiante, une pensée imaginante, une pensée sans grammaire. Les images ont cet avantage sur les lettres : elles n'ont pas la prétention de dire quelque chose.


mardi 11 janvier 2022

Images urbaines (3)



Je voyais une tête de monstre, là, au premier plan. Le profil d'une gargouille échappée de quelque légende urbaine surgissait là, soudain, sur ma route. Et la maison fumait un peu plus loin. La vapeur formait des vagues, des arabesques dans le jaunâtre de la nuit. C'était un serpent impalpable qui s'insinuait continuellement dans l'air froid et sec. Puis il se dispersait furtivement. 

dimanche 9 janvier 2022

Images urbaines (2)

 


Les lampadaires baignent la nuit d'une lumière jaune. Ils exhalent une brume jaunâtre. Comme un dernier souffle dans l'atmosphère. Ceci, je ne le vois pas à l'oeil nu, je ne le pressens pas. C'est mon appareil numérique qui me montre un monde qui m'échappe. Il m'offre des perceptions nouvelles, un regard autre. Mais peut-être aussi, me permet-il de fixer un monde ou un moment, afin que la vision ne s'évanouisse trop vite. Une manière peut-être aussi de se relier, malgré soi, à des espace-temps qui paraissent sans cesse étrangers. Des endroits familiers qui s'étrangent cependant. C'est comme se rendre compte soudain, face à l'image, des géométries urbaines. Elles étaient là, pourtant, déjà là, mais encore inconscientes.




samedi 8 janvier 2022

Images urbaines

 Un soir, j'ai cherché la beauté dans l'enlaidissement des lieux, dans les zones bétonnées, les urbanités, les lumières électriques, sur les murs, sous les lampadaires, à travers les grillages, derrière les portes souterraines, et les terrains vagues, et la désolation. Je pensais à la chanson de Gainsbourg. La beauté cachée des laids, des laids... se voit sans délai, délai. Il y avait quelque chose de géométrique. Par exemple, les poubelles d'une grande surface sont des parallélépipèdes rouges. 










Sans ça, un joyeux 2022 en perspective.

vendredi 8 octobre 2021

Un 8 octobre sur la terre

Aujourd'hui, je pense beaucoup à JF. Quatre ans déjà. Et j'ai peut-être bien assez écrit sur le deuil etc. Mais ce jour, le réseau social facebook sur lequel on traîne de temps en temps (comme ailleurs), histoire de tromper l'ennui -- en vain, me rappelle comme chaque année que ce jour est son jour anniversaire. 

Je me suis rendue sur son mur fantôme. Depuis la dernière photo postée, sur laquelle on peut l'apercevoir assis à la terrasse d'une maison exotique, les yeux dans le vague et le visage intranquille, il n'y a rien, rien d'autre, aucun signe de lui bien évidemment.

Sur fb, les vivants s'exhibent tandis que les morts conservent leur tombeau virtuel. Ils nous laissent quelques mots et images en souvenir, afin de raviver la peine, afin que l'on verse encore quelques larmes en se remémorant le disparu. 

Je joue le jeu, comme quelques uns, de lui exprimer une pensée, d'envoyer une parole au frérot dans le néant. Je ne sais même plus son âge, j'ai arrêté de compter. Je sais seulement qu'il a quatre ans de mort, et que parfois, il vient à manquer tristement.



Paroles de Facteur Cheval

mercredi 15 septembre 2021

La pluie est là, l'automne arrive

Bien que la rentrée ne me laisse aucun répit, comme à son habitude, hélas, une bonne nouvelle cependant : la belle saison automnale est de retour ! Avec l'envie de revenir vers des amours anciennes, en domaine de solitude. Je suis bien en ma compagnie, je reconnais que je m'entends bien avec moi-même.

J'ai sorti les ciseaux, la colle, les feutres d'art et autres pour composer un dessein-poème naïf. Cela faisait longtemps. Rien de prémédité dans cette composition, les choses s'assemblent toujours par le plus grand des hasards (vous avez dit bizarre, comme c'est bizarre...).




Avec Bach


(Je me tiens avec un pied dans la tombe.)

jeudi 26 août 2021

Presque rien à l'horizon

Je fais toujours les choses à moitié, je m'arrête toujours en chemin. Tout est inabouti en ma demeure, l'élan s'étiole dès les commencements, et je ne termine presque jamais rien. Les projets restent des mois et des années en suspens, des petits riens sans grande ambition. Je les cultive longtemps dans l'ombre et l'incertain. Ma psychanalyste que je ne vois plus dirait sans doute qu'il faut le temps de la maturation et que c'est ainsi. Pas de quoi culpabiliser. Tel serait mon fonctionnement et ma névrose : la procrastination est une forme de maturation. 

La fin de l'été approche et les idées qui ont fleuri auparavant, comme par étourderie, dans une folie ordinaire, dans une euphorie passagère et insensée, se dissiperont peut-être dans l'hiver prochain. C'est la valse des saisons qui ne cesse de tournoyer. Déjà, mais sans hâte, je languis l'automne. Hélas, l'heure de la reprise du travail et de la comédie en société sonne aussi : ce coup de frein au rêve et au désir. Il n'y a rien de plus aliénant et de plus déprimant.

Avec les années cependant, j'ai appris l'anesthésie mentale. Plus je vieillis et plus je sombre dans une indifférence au monde et à l'action. Et les nouvelles des humains sont toujours aussi navrantes.