mercredi 2 juin 2021

La révolution d'un seul brin de paille



Il est des livres posés au chevet de ma pensée, tel celui de Masanobu Fukuoka, faussement en dormance, mais agissant silencieusement, sans manifestations criantes.

Il est étrange alors de constater le cheminement tâtonnant de la pensée. Elle m’apparaît souvent comme une forme sans forme, comme une entité qui se meut en sourdine et qui parfois, fait parvenir à la conscience – comme sautant du coq à l'âne, dans un je ne sais quoi d'irrationnel, sans logique, mais sans doute de manière analogique : des associations libres, semble-t-il… (C'est dire un peu que la pensée n'est pas seulement affaire de conscience, mais qu'elle a quelque chose d'un inconnu évident, d'un processus inconscient.)

Ainsi, pensant ce lien indéfectible qui unit les êtres parlants au besoin de sens, à ce besoin de donner un sens à leur vie, comme on dit, ou de tout expliquer, croyant comprendre énormément de choses même ce qui dépasse l’entendement ; il m'est resurgi ce bon vieux livre du cultivateur « sauvage » que fut Masanobu Fukuoka, celui qui prônait un non-agir en agriculture, une ré-alliance aussi entre agriculture et spiritualité, un humble retour à la terre, chacun avec son bout de terre pour (se) cultiver et (se) méditer, en simple compagnie, voire peut-être en symbiose – qui sait ? avec la nature. Là où toute théorie deviendrait presque futile…

Me revenait alors ce passage où il expliquait que les paysans du 20eme siècle, devenus agriculteurs de grandes surfaces, n'avaient plus guère le temps de chasser le gibier durant la saison froide, ou (pire encore) de composer des haïkus. La dimension poétique (ou spirituelle) ne nourrissait plus l'âme de celui qui cultivait la terre pour « produire » de la nourriture, à foison, comme il en était convenu désormais, des fois qu'il s'enrichirait.

Une perte pour un gain ? Ou une perte pour une perte ?

Peut-être faudrait-il retenir et méditer ce conseil de M. Fukuoka : « Si l'on ne cherche plus à manger ce qui est agréable au goût, on peut goûter la vraie saveur de tout ce que l'on mange. »

(2017)


Images d'un passé bucolique


3 commentaires:

  1. "Les hommes ne connaissent rien du tout. Il n'y a pas de valeur intrinsèque dans quoi que ce soit, et chaque action est un effort futile et sans signification."

    Masanobu Fukuoka

    Meilleur passé composé à vous, chère Elly-hell

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    1. Divin marquis, grâce à vous, mon cerveau a enfin lu MaSANObu dans le bon ordre des syllabes. Des années que je l'appelais Manasobu. C'est une grande avancée significative.
      Merci.

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  2. merci pour ce billet. il faut que je lise cet auteur alors...

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