dimanche 16 juin 2019

Si ce n'est pas la pluie



Si ce n'est pas la pluie qui tombe,
ce sont les feuilles mortes
Si ce ne sont pas les feuilles mortes,
ce sont les dents
Si ce ne sont pas les dents,
ce sont les cheveux
Si ce ne sont pas les cheveux,
c'est le ciel
le ciel qui nous tombe sur la tête
Et si ce n'est pas le ciel,
C'est la nuit
la nuit qui tombe sur les corps.

mardi 11 juin 2019

Il pleut (c'est tout ce qu'il sait faire)

Il pleut dans mon monde, 
il ne cesse de pleuvoir
une goutte par seconde,
une pluie, pour s'émouvoir

Au rythme des Gymnopédies
d'une musique de pluie
à faire des rimes avec Satie
à essayer des rimes, et puis... rien.

Il pleut dans mon monde,
il ne s'arrête plus de pleuvoir
des gouttes, des secondes
des pluies, pour s'émouvoir

Après les folles fantaisies
après le beau temps, la pluie
après les rimes avec Satie
il pleut toujours, et puis...

lundi 10 juin 2019

Toutes - passeront.



Comme partent toutes les marcheuses vers leur but inconnu - toujours le même - s'étant reposées un moment sous l'arbre qui jamais ne marche.

(M. Tsvetaeva, Mon frère féminin)

vendredi 7 juin 2019

Conjugaison des silences

 - Verbe du dernier groupe -

Se silencer (au définitif)

En silence (participe absent)
silencé (toujours au passé complexe, ou au présent décomposé)

Je me silence (de temps en temps)
tu te silenceras (3 points de suspension)
il se silençait (intensément)
elle se silencerait (si et seulement si)
nous nous silençames (comme un charme, au subjectif)
vous, vous êtes silencieux (exception à aucune règle)
ils s'étaient silencés (dans le vide, courageusement)
elles vont se silencer (dans un futur sans proches)
On.s silencère.nt (ensemble)

Leçon de conjugaison des corps (sans paroles) mais soupirant.
A apprendre par cœur, si (le silence est un) possible.

Ô saisons, ô châteaux



Quelle âme est sans défauts ?

samedi 25 mai 2019

Aux heures creuses


La cigarette est le poison indispensable qui accompagne les rêveries d'une passante solitaire.

lundi 13 mai 2019

Un jour, je me quitte

comme le vent qui fait des vagues
sur le vert tendre des champs de blé

Un jour, je me quitte
comme le vol au vent des blés
des bleus à l'âme verdissant

comme les blés que le vent vogue
sur le vert bleu d'un fleuve à l'âme

comme tu veux, comme tu voiles
au vent le vide les champs les fleuves

comme tu vois, ça va ça vient
sur le vert tendre des champs de blé

en ce moment, à la vie, à l'envers
le vent, le lac, les vagues des champs
un jour de printemps

mercredi 1 mai 2019

Fête de l'absence




Dans le ciel de ma rue
Je fume
Je fume parce que
"La vie est irrespirable".

A mes ami(e)s lecteurs, lectrices, passagers, passagères, je suis absente pour un temps indéterminé. 

lundi 18 mars 2019

L'ancre de la mélancolie

Un de mes remèdes éphémères à la mélancolie est un doux poison. Puisque le vide de la mélancolie me gagne et me perds - je ne crois plus, désormais, à une guérison possible - , je fume. La fumée me permet alors, parfois, de tendre l'état mélancolique vers le vide de l'état méditatif, et/ou contemplatif. 
Je découvre en lisant L'encre de la mélancolie (merci Monsieur Starobinski) que l'ellébore, ma toxique bien-aimée des sous-bois hivernaux (que l'on peut orthographier avec ou sans "h" - comme quoi l'orthographe est une science arbitraire), était un pharmacon antique préconisé dans le traitement de cette maladie légendaire, bien que la mélancolie ne soit pas une maladie, et même si elle peut entraîner de douloureux symptômes comme la grande fatigue existentielle, ou la distillation lente de l'inertie dans tout le corps. 
La mélancholia est un sentiment perdu qui dérive du plus obscur de soi, une Nuit des temps intérieur, un jardin en ruines, l'ombre de la forêt Noire ; et les yeux en crèvent de l'avoir perçu trop tôt, dès l'aube. 

Hellébore d'un hiver passé

vendredi 8 mars 2019

D'un monde à l'autre

Comment voir le ciel en bleu quand on a devant les yeux la pourriture du monde ? 
Hier, j'ai traversé des mondes. Le matin, j'étais dans ce centre d'accueil des exilés et des miséreux ; le soir, j'étais à une soirée qui réunissait étudiants, chefs d'entreprise, équipe pédagogique : dans un univers qui concilie ouvertement, sans esprit et sans scrupule, éducation et monde de la finance. Le matin, j'écoutais des histoires douloureuses, des plaintes, des gémissements, des blessures de personnes qui peinent à exister aux yeux du monde ; le soir, j'observais la grasse attitude de personnes qui se prenaient en photo devant une machine à selfie. 
Un gouffre sépare véritablement ces univers. Le deuxième est dégoûtant, dégouline de bouffes, de costumes, de parfums. Le premier est déprimant, il sue le mal-être, le malaise, il pue parfois.
Deux extrêmes. Deux odieux extrêmes. Les uns crèvent de manque, les autres d'opulence. 
Si je me place néanmoins toujours du côté des victimes, comme Marina Tsvétaeva, je continue ma promenade, parfois rêveuse, dans une amère trop amère solitude. Aucun de ces mondes n'est désirable. Et quel monde pour le rêve, quand rêve et cauchemar ne connaissent qu'une mince, voire invisible, frontière ?


Jeter le monde à la poubelle.

lundi 4 mars 2019

La belle Hellébore fétide




Les yeux turquoise des sœurs siamoises
Font se pâmer tous les damnés
Qui tous les soirs au fond du bar
Reviennent braver la nuit tombée

Les yeux turquoise des sœurs siamoises
Sont comme deux phares où viennent s'échouer
Tous ces messieurs dans le brouillard
Venus braver leurs yeux bridés

Les yeux turquoise des sœurs siamoises
Ont vu passer tous nos aînés
Qui tous les soirs venaient les voir
Les yeux hagards pour se marier

Les yeux turquoise des sœurs siamoises
Sont un bouquet de fleurs fanées

Les yeux turquoise des sœurs siamoises
Sont un bouquet de fleurs fanées
D'avoir trop souvent vu passer
Les mêmes histoires, le bien, le mal,
Qui tous les soirs au fond du bar
Reviennent braver leurs yeux glacés

Les yeux turquoise des sœurs siamoises
Sont un bouquet de fleurs fanées
Les yeux turquoise des sœurs siamoises
Ne sont pas de ceux qu'on apprivoise
Les yeux turquoise des sœurs siamoises
Sont un bouquet de fleurs fanées