vendredi 8 mars 2019

D'un monde à l'autre

Comment voir le ciel en bleu quand on a devant les yeux la pourriture du monde ? 
Hier, j'ai traversé des mondes. Le matin, j'étais dans ce centre d'accueil des exilés et des miséreux ; le soir, j'étais à une soirée qui réunissait étudiants, chefs d'entreprise, équipe pédagogique : dans un univers qui concilie ouvertement, sans esprit et sans scrupule, éducation et monde de la finance. Le matin, j'écoutais des histoires douloureuses, des plaintes, des gémissements, des blessures de personnes qui peinent à exister aux yeux du monde ; le soir, j'observais la grasse attitude de personnes qui se prenaient en photo devant une machine à selfie. 
Un gouffre sépare véritablement ces univers. Le deuxième est dégoûtant, dégouline de bouffes, de costumes, de parfums. Le premier est déprimant, il sue le mal-être, le malaise, il pue parfois.
Deux extrêmes. Deux odieux extrêmes. Les uns crèvent de manque, les autres d'opulence. 
Si je me place néanmoins toujours du côté des victimes, comme Marina Tsvétaeva, je continue ma promenade, parfois rêveuse, dans une amère trop amère solitude. Aucun de ces mondes n'est désirable. Et quel monde pour le rêve, quand rêve et cauchemar ne connaissent qu'une mince, voire invisible, frontière ?


Jeter le monde à la poubelle.

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