jeudi 25 mars 2021

Autoportrait en gouttes de pluie

 


C'était sans doute un soir d'automne, je me réalisais cet autoportrait en gouttes de pluie. Les gouttes de pluie, ou les gouttes de gris, je les connais. Elles m'accompagnent depuis longtemps. Elles tombent, elles coulent, elles se mêlent à mes états de l'âme. Je les écris, je les varie, j'en peins des tableaux qui se suivent et se ressemblent, ou ne se ressemblent pas.
Ce fut d'abord la mousson d'un pays et d'un temps perdus. C'était parfois une pluie orageuse sous un ciel d'été. Il arrive encore que cette pluie accompagne une tempête violente. Rarement, elle est douce et fine, presque imperceptible. Et à d'autres moments, elle se confond aux larmes, avant de se jeter dans un ruisseau, une rivière, une mer, un océan.
Les gouttes de pluie sont toujours pleines de mélancolie, on apprend à composer avec leurs mélodies : elles sont comme un chant de grillon dans la nuit. Je fais avec, je les écoute. Je les accepte, je les accueille. Je les contemple aussi car elles sont peut-être à l'image d'une existence humaine. Toutes les existences pleuvent et finissent par se noyer dans le grand fleuve.

10 commentaires:

  1. Pour moi ce furent les tempêtes océanes (même pas peur), elles ont laissé leurs bourrasques et les gouttes qui fouettent le visage.

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  2. I love seeing this and your thoughts.

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  3. Un très beau texte, chère Elly qui m'évoque le caractère moléculaire de l'être, son invisible division atomique. Ces gouttes qui coulent comme des larmes de soi traversent le corps, l'organisme et se fondent dans le grand Tout. Et la pluie qui tombe est peut-être faite de toutes les larmes des humains qui nous ont précédés, comme l'antique mémoire de l'eau qui nous ramène à l'océan primitif d'où les vivants procèdent.
    Démocrite

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    1. Elly, elle lit
      et ailes dit aussi;
      avec des mots empruntés à la nouvelle lune
      qui éclaire la marée qui s'avance,
      Grande chance.
      Quelques gouttes magnifiques et effet mer,
      enfin pour moi, sur la grève.
      Elly, en Eurasie, c'est dit.
      j'aime ,du bout de l'estuaire, avant le grand plongeon.
      Dans une autre vie je serai marsouin, baleine ou encore...
      :-)

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    2. Dans une autre vie, je serais un nuage et je ferais la pluie et le beau temps, voilà !

      Merci JJ :-)

      Merci Démocrite !

      Et thank you bill !

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  4. Chère Elly, merci pour cette si belle prose que nous avons le bonheur de lire en naviguant sur vos ondes. L’eau inodore, incolore n’est pas sans saveur. Elle exhale le plus beau continuum, le plus beau flux aussi, celui de l’existence.

    Le crépitement d’une pluie de mousson peut nous emporter vers un flot de tristesse, des retentissements de peine d’enfants comme ces larmes de fiel qui font mal. Et puis, elles se diluent et se coulent dans nos moments d’exaltation, aussi petits et rares soient-ils…pour devenir quelquefois des larmes de joie.

    Sibylle

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    1. Il est vrai que, quelquefois, des larmes de joie perlent aux paupières. Merci de le rappeler si joliment, chère Sibylle... C'est toujours un grand plaisir de vous lire.

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