mardi 6 juillet 2021

Il y a longtemps déjà

  il était un soir ordinaire

j’écrivais une poésie pour l’allumeur de réverbères,

car l’allumeur de réverbères est celui qui nous rêvait

d’autres horizons, d’autres hasards, d’autres ciels inattendus.



Dans les villes tentaculaires

par les ruelles emmêlées

l’allumeur de réverbères

gardien des univers-nuits

ombrait des éternuités.



Des Illuminations

scintillaient les pupilles

Phare bougie halo blafard

Signes-feux aux naufragés 

des quotidiens des jours austères



L'allumeur de réverbères éclairait des chemins 

dans les routines existentielles.


Il allumait des rêves

des songes des déroutes

des fleuves infinis

des cernes jusqu'au cou

et des voix sans issue

des nuits à dormir debout

des nuits à tomber des nues

des brumes des brouillards

des soirées des impasses

et des oiseaux nocturnes

des bancs obscurs des parkings

des soi des ténèbres

des bleu-nuits des nuits noires

des solitudes marines

et des illusions des chimères.


Il veillait aux fenêtres endormies

quand la nuit, tous les chagrins sont gris.




Il y a longtemps déjà, il était un soir ordinaire

ma poésie pour l’allumeur de réverbères

a sombré dans une histoire très passée.


Comme l’allumeur de réverbères, a-t-elle seulement existé ?


Je n’ai pas connu

l’allumeur des nuits blanches

et des happy hour

des lueurs crépusculaires

et des faces cachées de la lune.




Il ne reste plus désormais

que des réverbères électriques

comme des roues fantômes

qui trônent dans le vide

dans les squares esseulés

des lumières orphelines.


Et je sais une chose à présent :

il est des âges où nous ne croyons plus

depuis longtemps déjà nous n’attendons plus

naïfs comme des enfants

que le monde s’éclaire.



2 commentaires:

  1. Parfois, de petits soubresauts...
    Enfin, ce que j'en dis ne sera compris que par quelques Jean-de-la-Lune

    RépondreSupprimer