vendredi 25 septembre 2020

Même

 Le plus autobiographique des écrits est une fiction, autrement dit une affabulation. Quand écrivons-nous vrai ? Y a-t-il une possibilité d'écrire "vrai" ? Ou est-ce toujours un jeu de voilement-dévoilement ? 
Pendant des mois, je suis revenue vers une écriture de l'intime, dans des carnets de papiers, une écriture qui ne s'adresse qu'à soi, qu'aux nombreux personnages qui nous composent. Tout ce que j'observe, c'est l'inconstance : l'inconstance des pensées, des opinions, des sentiments. Tout change et évolue sans cesse, avec parfois des retours en arrière, à une forme de pensée originelle, mais pour mieux la métamorphoser, ou la sculpter, l'habiller de couches successives de mots qui s'ajoutent, se nuancent, se contredisent souvent, et se questionnent parfois. Se relire est donc un exercice étrange, on observe cette étrangeté de soi, cette inconstance de soi, cette précarité d'un moi jamais véritablement uni, un moi qui se décompose ou qui se compose d'un kaléidoscope de voix. On comprend alors que le chemin vers la connaissance de soi se poursuit toujours, on poursuit le chemin jusqu'au cœur des ténèbres : là où la parole se tait, là où règne le silence, le non-savoir, l'absence peut-être, ou une absence peuplée. Le paradoxe.
Ce matin, je lisais une spécialiste de sanskrit et de la culture indienne. Une idée a alors retenu toute mon attention. Dans la culture sanskrite, la parole est d'une importance sacrée : tout naît de la parole. Et parallèlement : du silence naît la parole. La parole prend forme dans le silence, comme elle finit par s'en retourner au silence. 



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